novembre 2019

Archéologie à Gabies : conférence reportée au vendredi 31 janvier 2020

La conférence de la SFAC prévue le 14 décembre 2019 est reportée au 31 janvier 2020 (salle Benjamin, 17h30). Nous aurons le plaisir d’entendre Steve Glisoni et Daniel Roger nous présenter le résultat des dernières campagnes de fouilles à Gabies.

À la fin du XVIIIe s. le peintre et antiquaire écossais Gavin Hamilton entreprit une série de « fouilles » sur le site de l’ancienne Gabies située à environ 18 km à l’est de Rome, le long de la via Prenestina, sur les terres de la famille Borghèse. Il mit alors au jour plus de 200 fragments lapidaires comprenant un riche corpus d’éléments de statues, notamment des portraits impériaux, ainsi que des inscriptions sur marbre. La plupart provenaient d’un complexe monumental longtemps identifié comme le forum de la cité antique. Les pièces découvertes furent restaurées sous la direction de Gavin Hamilton et Ennio Quirino Visconti alors antiquaire du Prince Marcantonio IV Borghèse qui racheta la plupart des œuvres. Celles-ci furent exposées dans un musée dédié aux œuvres provenant de Gabies qui fut installé dans un bâtiment proche de la Villa Pinciana. Elles furent ensuite vendues en 1807 à Napoléon Ier qui les transféra au Musée du Louvre.

Un projet de restauration et de publication de cette collection a motivé la réalisation d’une fouille programmée menée en partenariat avec la Surintendance de Rome sur le site de Gabies et dont la première campagne s’est déroulée en 2013. Celle-ci s’implante entre le forum et le sanctuaire de Junon Gabina, l’un des premiers grands sanctuaires à terrasse du Latium édifié vers le milieu du IIe s. av. J.-C., époque au cours de laquelle des architectes grecs comme Hermodore de Salamine introduisent les modèles de l’architecture hellénistique à Rome.

L’activité archéologique menée par le Louvre vise à remettre en contexte la statuaire conservée au musée. Cette contextualisation s’entend bien sûr au sens large et répond à une problématique archéologique précise. Ainsi, l’objectif de ces fouilles consiste à caractériser l’îlot urbain localisé entre le « forum » et le sanctuaire de Junon Gabina afin de mieux comprendre la topographie du centre de Gabies et de saisir l’articulation entre ces deux complexes monumentaux notamment à travers l’étude de la trame viaire. Il a également pour but de compléter nos connaissances sur le sanctuaire de Junon Gabina par l’exploration d’une partie peu connue : le secteur du théâtre.

Vendredi 15 novembre 2019

à 17h30
à l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA),
2 rue Vivienne, 75002 PARIS,
salle Vasari, 1er étage

Thomas Creissen (Éveha International) et William Van Andringa (École Pratique de Hautes Études) présenteront une communication intitulée :

Les Pompéiens et la mort : fouille de la nécropole romaine de Porta Nocera.

Amorcé en 2014, le nouveau programme d’étude de la nécropole de Porta Nocera a pour première ambition de comprendre et de caractériser les processus de constitution d’un paysage funéraire aux abords de la ville entre la fondation de la colonie et l’éruption de 79, notamment l’implication des autorités publiques dans la planification et la gestion des aires funéraires. Il s’agit ensuite, sur un temps relativement court – à peine quelques générations – de préciser la genèse des différents enclos et structures funéraires (chronologie relative des tombes) et de reconnaître des traditions familiales ou de groupes dans l’aménagement des sépultures et dans l’exercice des séquences rituelles. Enfin, l’exceptionnel état de conservation des ensembles funéraires permet d’étudier au plus près les trois grandes étapes des rituels de la mort accessibles par l’archéologie que sont la crémation, la mise au tombeau et la commémoration des défunts. À chacune de ces étapes, il est désormais possible d’associer des gestes très précis dont la compilation permettra de proposer une forme d’herméneutique fondée sur la lecture attentive du terrain. Dans ce domaine, le programme comporte une dimension méthodologique forte, autant sur la fouille, dans la mise en place des protocoles d’enregistrement spécifiques destinés à reconnaître les gestes, qu’en laboratoire avec l’étude des restes humains brûlés et du mobilier utilisé dans les séquences rituelles. La richesse des faits observés permet d’ores et déjà de proposer des résultats inédits et déterminants sur la structure des rites déployés dans les enclos ainsi que sur l’élaboration et la transmission des coutumes funéraires au sein d’une communauté romaine d’Italie. Comment étaient organisées et transmises les partitions rituelles d’une génération à l’autre, d’une famille à l’autre ? Comment était construite l’altérité collective de la mort à Pompéi ? En quoi les pratiques suivaient-elles la tradition romaine ? Un enregistrement aussi exhaustif que possible de toutes les traces laissées par les Pompéiens lors de leur fréquentation de la nécropole amène désormais à distinguer l’occasionnel de l’intentionnel pour restituer le contenu des pratiques funéraires locales.