Conférences

Conférences 2017 de la Société française d’archéologie classique

14 janvier 2017

Olivier Henry, « L’expression du pouvoir de Mausole et le site de Labraunda en Carie »

 

25 février 2017

Pierre Leriche, « Nouvelles recherches à Termez, Ouzbékistan »

 

18 mars 2017

Santiago F. Ramallo Asensio, « Nouvelles recherches à Carthago Nova »

 

13 mai 2017

Morana Čaušević-Bully, « Les villes et les campagnes insulaires de l’archipel du Kvarner (Croatie) entre l’Antiquité et le haut Moyen Âge »

 

14 octobre 2017

Dimitra Malamidou, « Recherches autour du mont Pangée »

 

18 novembre 2017

Jean-Pierre Laporte, « Berbères et Romains dans l’Algérie antique »

 

9 décembre 2017

Laurent Tholbecq, « Actualités de la recherche française à Pétra »

Samedi 14 janvier 2017 : Assemblée générale de la SFAC et conférence sur Labraunda

L’assemblée générale de notre société aura lieu le samedi 14 janvier 2017 à 15h. Elle sera suivie de la conférence d’Olivier Henry sur le site de Labraunda (Carie).

L’expression du pouvoir de Mausole et le site de Labraunda en Carie

« J’avais enfin rencontré l’objet de mes fatigantes recherches : j’étais bien à Labranda. Strabon dit que le temple de Jupiter Stratius, dans ce lieu, était fort ancien. Tout, dans les ruines de celui de Yaïla, annonce une haute antiquité. Il ne ressemble en rien à tous ceux que j’ai vus jusqu’à ce jour. » Le site de Labraunda, décrit ici par Philippe Le Bas dans un courrier publié en 1844, souligne l’attraction qu’a exercée le site sur de nombreux chercheurs européens dès le XIXe s. Mentionné à plusieurs reprises dans les textes anciens, d’Hérodote à Elien, Labraunda ne fut en effet redécouvert qu’à cette période.

Suite aux travaux de Ph. Le Bas, puis d’A. Laumonier au début du XXe s., c’est une équipe suédoise de l’Université d’Uppsala, placée sous la direction d’A. W. Persson, qui entama un ambitieux programme de fouilles à partir de 1948. En quelques décennies les archéologues mirent au jour ce qui reste encore aujourd’hui le plus beau témoin de la culture carienne. Localisé au cœur de la Carie antique dans le sud-ouest de la Turquie moderne, Labraunda est connu pour être le siège d’un des plus grands cultes du sud-ouest de l’Asie Mineure antique, celui de Zeus Labraundos, le Dieu à la double hache.

Sanctuaire rural modeste dès la période archaïque, Labraunda fut l’objet de toutes les attentions des dynastes/satrapes hékatomnides au IVe s. av. J.-C. Sous l’impulsion de Mausole, et de son frère Idrieus, le site fut transformé, agrandi, embelli et doté d’une architecture somptuaire qui en fit un centre de culte pan-Carien. La richesse des vestiges de ce lieu monticole, encore largement protégé de l’expansion urbaine, a été la source d’une abondante bibliographie. Les nombreux bâtiments mis au jour ont permis de lever le voile sur une culture carienne surprenante, expérimentant de nouvelles formes architecturales. Ces dernières révélèrent l’importance des échanges culturels à l’œuvre dans cette région de l’Asie Mineure, à la frontière des mondes grecs, anatoliens et perses. La qualité de ce matériel architectural amena les archéologues du XXe s. à concentrer leurs efforts sur le cœur du temenos et à adopter une approche formelle des bâtiments. Après plus de 65 années de fouille, et bien qu’il n’ait été fouillé qu’en partie, le site est aujourd’hui bien connu. Labraunda ne cesse cependant de soulever des questions qui ne peuvent être abordées qu’à condition de procéder à une double contextualisation des vestiges, contextualisation des bâtiments au sein même du sanctuaire, contextualisation historique de Labraunda dans le développement de la région au IVe s. av. J.-C.

Le but de cette communication sera de présenter le site, particulièrement dans son état hékatomnide, et l’originalité de la culture carienne telle qu’elle nous apparaît à Labraunda. Ensuite, et à la lumière des travaux menés au cours de ces dernières années, nous proposerons de faire un point de nos connaissances et de replacer le site dans l’histoire mouvementée de la Carie à la charnière des périodes classique et hellénistique.

La prochaine conférence aura lieu le 25 février 2017 : Pierre Leriche, « Nouvelles recherches à Termez, Ouzbékistan ».

Samedi 10 décembre 2016 : Recherches actuelles sur un site majeur du Delta à l’époque gréco-romaine : Bouto (Tell el-Fara’in)

Pour notre dernière séance de l’année 2016, samedi 10 décembre, Pascale Ballet (Professeure à l’Université Paris-Ouest Nanterre – La Défense), présentera une communication sur les recherches actuelles sur un site majeur du Delta à l’époque gréco-romaine : Bouto (Tell el-Fara’in).

bouto_sfacCliché Guy Lecuyot

La ville de Bouto (l’actuelle Tell el-Faraʽin), située à l’est de la branche de Rosette, constitue, comme l’ont montré les travaux menés par l’Institut archéologique allemand depuis les années 80, l’un des plus anciens établissements du Delta égyptien appartenant à la culture Maadi-Bouto, qui se déploie durant la première moitié du IVe  millénaire av. J.-C., à laquelle succèdent des occupations prédynastiques et protodynastiques. Centre cultuel de Ouadjet (per ouadjet), déesse cobra tutélaire du nord de l’Égypte, Bouto a laissé peu de vestiges datés des Moyen et Nouvel Empires, mais la ville d’époque saïte, mieux connue sur le plan archéologique, s’inscrit dans le réseau urbain autour de Saïs, la capitale, située à faible distance. Le sanctuaire principal est décrit par Hérodote.

Depuis 2001, en coopération avec l’Institut archéologique allemand (Le Caire), l’Université de Poitiers, puis celle de Paris Ouest Nanterre La Défense, bénéficiant de l’appui du Ministère des Affaires étrangères et européennes, de l’Institut français d’archéologie orientale et du Centre d’études alexandrines a engagé un programme pluridisciplinaire destiné à saisir l’importance de Bouto pour les périodes plus récentes, de la fin de la Basse Époque au début de la période islamique, au moyen de prospections géophysiques, de prospections pédestres systématiques et de sondages. La question des acculturations est au cœur des investigations françaises,  en premier lieu celle de l’hellénisation d’une ville située, certes, en dehors de la chôra alexandrine, mais peu éloignée de la capitale lagide. Si, dans le domaine de l’habitat, les formules architecturales s’inscrivent dans une tradition vernaculaire (maisons à fondations à caissons), le processus d’hellénisation est davantage perceptible dans le mobilier et certaines pratiques ; elle indiquerait la présence d’une population grecque durant le premier siècle lagide.

Un peu plus tard, la construction de bains à la grecque souligne une autre forme d’hellénisation et l’on en suit l’évolution jusqu’aux bains à hypocaustes à l’époque romaine, tandis que des ateliers produisant des céramiques « à vernis noir » sont attestés en deux points du site. À l’époque impériale, la partie septentrionale de la ville accueille un vaste quartier de potiers, recourant aux tubulures pour la cuisson des céramiques, indice probable de transferts technologiques depuis l’Italie et/ou la Gaule, sans exclure une origine orientale, dans la région d’Antioche. Le site de Bouto s’imposant comme un grand centre de productions céramiques, de la période ptolémaïque à l’époque impériale, des analyses physico-chimiques sont actuellement effectuées dans le cadre de l’ANR CeramEgypt (CEAlex/Université de Cologne). Enfin, très récemment, en 2016, sur la partie sommitale du kôm A, la mission a découvert un espace de stockage de céréales d’une certaine ampleur, que l’on pourrait qualifier de thesauros/horreum, un type de bâtiment rarement trouvé en Égypte.

Aux travaux archéologiques, sont associées des enquêtes en cours s’appuyant sur les sources textuelles et géographiques destinées à éclairer la place de Bouto dans le réseau des villes deltaïques. Desservie par le canal Boutique à l’époque romaine, elle figure notamment sur la Table de Peutinger et compte parmi les sièges épiscopaux à l’époque byzantine.

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L’Assemblée générale de la SFAC aura lieu le samedi 14 janvier 2017.

Samedi 19 novembre 2016 : Gyptis, réplique navigante d’un bateau grec massaliote du VIe siècle av. J.-C.

Le 19 novembre à 15h, à l’INHA, Patrice Pomey (Directeur de recherche émérite au CNRS, Responsable du projet « Prôtis ») nous présentera une conférence intitulée « Gyptis, réplique navigante d’un bateau grec massaliote du VIe siècle av. J.-C. »

 

Le Gyptis entrant sous voile dans le Vieux-Port de Marseille en passant devant le fort Saint-Jean, photo P. Pourtal, Centre Camille Jullian, AMU-CNRS

 

En 1993, les fouilles de la place Jules-Verne à Marseille mettaient au jour une partie du port antique ainsi que plusieurs épaves de navires grecs et romains. Parmi ces dernières, deux épaves de bateaux grecs archaïques du VIe s. av. J.-C. Construits par les descendants des colons phocéens qui fondèrent Massalia à l’aube du VIe s. ces bateaux témoignent du plus ancien patrimoine maritime de Marseille et des techniques de construction navale en usage en mer Égée à l’époque archaïque.

Après avoir procédé à la fouille et à la récupération des épaves – actuellement présentées au Musée d’Histoire de Marseille – l’équipe d’archéologie navale du Centre Camille Jullian, laboratoire d’archéologie méditerranéenne de l’Université Aix-Marseille et du CNRS, a entamé un long travail d’étude et de restitution de ces navires.

Dans le cadre de Marseille-Provence, capitale européenne de la culture 2013, l’équipe d’archéologie navale du Centre Camille Jullian a réalisé le programme d’archéologie expérimentale « Prôtis » ayant pour objet la construction de la réplique navigante de l’un de ces navires. Ce dernier, baptisé Gyptis, a été construit au cours de l’année 2013 selon le principe « sur bordé » et la technique d’assemblage par « ligatures » en usage à l’époque. Achevé à la mi-novembre, le bateau, après des essais fructueux en mer, a navigué le long des côtes de Provence dans le cadre du programme de navigation de Marseille-Provence 2013, puis a entrepris jusqu’à ce jour un programme de navigation expérimentale.

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Notre prochaine séance aura lieu le samedi 10 décembre : Pascale Ballet, « Recherches actuelles sur un site majeur du Delta à l’époque gréco-romaine : Bouto (Tell el-Fara’in) »

Séance de rentrée de la SFAC, samedi 15 octobre 2016, 15h

Hélène Wurmser (Université Lyon 2) présentera une conférence intitulée :

« Nouvelles recherches sur la maison de Fourni à Délos ».

Découverte en 1916, il y a un siècle, la Maison de Fourni n’a cessé d’intriguer les archéologues et chercheurs qui s’y sont intéressés. Dégagée en 1935, puis fouillée entre 1959 et 1961 par Christian Le Roy et Philippe Bruneau, elle fait depuis 2008, sous les auspices de l’École française d’Athènes, l’objet de restaurations, ainsi que d’une reprise d’étude et de fouilles en vue de sa publication. Par son implantation, en-dehors du tissu urbain le plus dense de Délos, par son plan particulier, empreint d’influences diverses, par son mobilier et son décor exceptionnels, ainsi que par le mystère qui entoure encore les circonstances de son abandon, la Maison de Fourni est représentative du creuset historique et culturel que fut la Délos du milieu du Ier siècle av. J.-C. Les fouilles entreprises depuis 2010 ont ainsi permis d’éclairer d’un jour nouveau la fonction de ce qui pourrait désormais apparaître comme un exemple précoce de villa implantée en territoire grec à la fin de l’époque hellénistique.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter les pages concernant les travaux de l’auteur sur le site de l’IRAA et sur Academia.

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Samedi 9 avril 2016 : fortifications de Molossie et territoires épirotes

La conférence, initialement prévue le 14 novembre 2015, sera consacrée aux fortifications de Molossie et à l’organisation des territoires épirotes (INHA, salle W. Benjamin, 15h).

Marie-Pierre Dausse (Université de Paris 8)

« De vieilles forteresses sans nom et sans histoire » : comment renouveler ce constat du voyageur Alfred Gilliéron quand il découvre l’Épire à la fin du XIXe siècle ? Si les monographies sur les fortifications se multiplient, la Grèce du nord-ouest semble quelque peu délaissée. Les conditions d’exploration de ces régions très montagneuses restent difficiles, mais les efforts conjugués des archéologues grecs et albanais ont permis de réelles avancées depuis quarante ans. Les ouvrages fortifiés permettent de découvrir une « autre Grèce » chère à Pierre Cabanes, de mieux comprendre l’organisation particulière en ethnè et la vie de populations surtout transhumantes.

6 février 2016 : Nouvelles recherches sur le temple d’Apollon à Delphes au IVe siècle

Anne Jacquemin, Université de Strasbourg

Didier Laroche, École Nationale Supérieure d’Architecture de Strasbourg

présenteront une communication sur

Nouvelles recherches sur le temple d’Apollon à Delphes au IVe siècle

La publication par P. Amandry et E. Hansen du temple d’Apollon du IVe siècle à Delphes a renouvelé nos connaissances sur l’un des plus importants monuments de la mantique grecque. La conférence prendra ce livre comme point de départ, mais n’oubliera pas la monographie de F. Courby. Quelques corrections qui feront disparaître quelques anomalies seront présentées : la restitution à leur place des blocs sur lesquels a été gravé « le monument bilingue » permet d’achever le mur du pronaos par une véritable ante ; le déplacement d’une colonne de la colonnade intérieure assure une meilleure organisation des accès ; l’interruption du dallage peut avoir une explication plus satisfaisante. La question de l’ordre intérieur et de sa disparition sera posée, ainsi que celle de l’histoire des réparations et transformations du temple entre l’incendie dû aux Maides et la fin de l’Antiquité : l’intervention de Domitien, le rôle d’Hadrien, celui de Léonticus et l’éventuelle intervention des chrétiens. Ce que Pausanias dit du temple sera également évoqué.Temple d'Apollon

Conférences et manifestations en 2016

16 janvier 2016

Patrick Thollard, « De l’oppidum des Arécomiques à la cité des Samnagenses. Nouveau regard sur le site du Castellas à Murviel-lès-Montpellier (Hérault) ».

6 février 2016

Anne Jacquemin, Didier Laroche, « Nouvelles recherches sur le temple d’Apollon du IVe siècle à Delphes ».

12 mars 2016

Journée d’étude, « Pratiques d’ateliers : du coroplathe au bronzier ».

9 avril 2016

Marie-Pierre Dausse, « Fortifications de Molossie et organisation des territoires épirotes »

25 juin 2016

Sortie annuelle de la SFAC : Avignon, musée Calvet.

15 octobre 2016

Hélène Wurmser, « Nouvelles recherches sur la maison de Fourni à Délos ».

19 novembre 2016

Patrice Pomey, « Construction de la réplique navigante Gyptis d’un bateau grec archaïque ».

10 décembre 2016

Pascale Ballet, « Recherches actuelles sur un site majeur du Delta à l’époque gréco-romaine : Bouto (Tell el-Fara’in) ».

Programme à télécharger et diffuser.

Samedi 16 janvier 2016 : Murviel-lès-Montpellier (Hérault)

Patrick Thollard (Université de Montpellier-3)

De l’oppidum des Arécomiques à la cité des Samnagenses. Nouveau regard sur le site du Castellas à Murviel-lès-Montpellier (Hérault)

Le site du Castellas, à Murviel-lès-Montpellier a longtemps été considéré comme un établissement protohistorique semblable à ceux que l’on rencontre dans le Midi languedocien. Le programme de recherches conduit depuis 2001 a profondément modifié cette vision. Les fouilles réalisées successivement sur divers secteurs (enceinte de la ville basse et de la ville haute, habitat des terrasses intermédiaires et de la ville basse) ont permis de cerner les grandes phases du développement du site, en mettant en évidence une rupture fondamentale à la charnière des IIe-Ier s. av. J.-C. Parallèlement, l’exploration du centre monumental a conduit au dégagement du forum de l’époque romaine. L’état de conservation remarquable d’une partie des vestiges permet de restituer l’organisation particulièrement originale et, par certains côtés, encore très problématique, de cet ensemble. L’exploration a également donné l’occasion d’identifier de manière définitive l’agglomération comme la cité des Samnagenses.

Samedi 12 décembre 2015 – Découverte d’une nouvelle station entre Narbonnaise et Lyonnaise : le site de Panossas en Isère

Matthieu POUX et Aldo BORLENGHI, Découverte d’une nouvelle station entre Narbonnaise et Lyonnaise : le site de Panossas en Isère

Le site des Buissières à Panossas est fouillé depuis 2012 par les équipes de l’université Lumière Lyon 2, dans le cadre d’un programme de recherches dédié à l’arrière-pays rural des colonies de Lugdunum et de Vienne. Il est occupé par de grands bâtiments dispersés sur plusieurs hectares de superficie, conservés par endroits sur plus de 4 m de hauteur : thermes monumentaux adossés à un vaste édifice à cour centrale, hébergements collectifs et entrepôt de grande capacité, qui succède à une vaste manufacture spécialisée dans la métallurgie du fer. Le complexe a été aménagé dès la fin de l’époque républicaine, comme en témoignent divers mobiliers, ainsi qu’un ensemble de décors du deuxième style pompéien retrouvé en situation de remblai. L’ampleur de ces équipements et leurs caractéristiques architecturales trouvent de fructueuses comparaisons sur les camps militaires du limes. Si elles n’excluent pas totalement l’hypothèse d’une riche villa coloniale, elles orientent les recherches dans d’autres directions : agglomération secondaire ? Prétoire ? Station routière ou fiscale ? La proximité immédiate de plusieurs mines de fer, de la frontière provinciale, des deux colonies et des voies qui les relient à l’Italie, sont autant d’enjeux stratégiques propres à justifier l’implantation d’un tel complexe, dont les itinéraires antiques ont peut-être conservé le souvenir.