Samedi 13 avril 2019 : Une plaine disputée en Grèce ancienne : regard archéologique sur Éleuthères, Oinoé et le contrôle des frontières attico-béotiennes

Sylvian Fachard (American School of Classical Studies at Athens)

Stratégiquement positionnée entre les massifs du Parnès et du Cithéron, la plaine de Mazi forme un carrefour routier de premier plan entre l’Attique, la Béotie et la Mégaride. Elle constitue, de surcroît, un terroir fertile (céréales et vignobles) bénéficiant d’une pluviométrie supérieure à la moyenne et doté d’abondantes ressources forestières. Ces avantages naturels, qui lui confèrent une grande importance stratégique et économique, firent de la plaine de Mazi un enjeu majeur pour Athènes et les cités de Béotie. Dès l’époque archaïque la plaine est occupée par les bourgades d’Oinoé et d’Éleuthères, toutes deux liées aux premiers conflits frontaliers dont les sources écrites font état pour la région. Aux époques classique et hellénistique, la possession de la plaine fit l’objet de tensions et de conflits répétés, et ce n’est qu’à la période romaine que la situation semble avoir été stabilisée. Mais est-il possible de tracer la signature archéologique de ces conflits et de ces enjeux économiques ? Les frontières et les tensions politiques ont-elles marqué le paysage antique ?

Grâce une prospection archéologique de type intensif de l’ensemble de la plaine de Mazi, la première du genre à être conduite en Attique, il est désormais possible de mieux comprendre l’évolution de l’occupation humaine et les grandes étapes de son exploitation économique. Des données inédites permettent d’aborder le problème de la position des frontières attico-béotiennes sur des bases renouvelées. Par ailleurs, plusieurs indices liés à la distribution de l’habitat et des fortifications rurales suggèrent qu’Athènes et la Béotie utilisèrent Oinoé et Éleuthères pour mettre en place de réelles politiques de contrôle et d’exploitation économique. Ces traits de complexité culturelle ne se trouvent pas ailleurs en Attique et pourraient signaler, pour l’archéologue-prospecteur, la signature archéologique d’un paysage frontalier disputé.

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