L’assemblée générale de notre société aura lieu le samedi 14 janvier 2017 à 15h. Elle sera suivie de la conférence d’Olivier Henry sur le site de Labraunda (Carie).
L’expression du pouvoir de Mausole et le site de Labraunda en Carie
« J’avais enfin rencontré l’objet de mes fatigantes recherches : j’étais bien à Labranda. Strabon dit que le temple de Jupiter Stratius, dans ce lieu, était fort ancien. Tout, dans les ruines de celui de Yaïla, annonce une haute antiquité. Il ne ressemble en rien à tous ceux que j’ai vus jusqu’à ce jour. » Le site de Labraunda, décrit ici par Philippe Le Bas dans un courrier publié en 1844, souligne l’attraction qu’a exercée le site sur de nombreux chercheurs européens dès le XIXe s. Mentionné à plusieurs reprises dans les textes anciens, d’Hérodote à Elien, Labraunda ne fut en effet redécouvert qu’à cette période.
Suite aux travaux de Ph. Le Bas, puis d’A. Laumonier au début du XXe s., c’est une équipe suédoise de l’Université d’Uppsala, placée sous la direction d’A. W. Persson, qui entama un ambitieux programme de fouilles à partir de 1948. En quelques décennies les archéologues mirent au jour ce qui reste encore aujourd’hui le plus beau témoin de la culture carienne. Localisé au cœur de la Carie antique dans le sud-ouest de la Turquie moderne, Labraunda est connu pour être le siège d’un des plus grands cultes du sud-ouest de l’Asie Mineure antique, celui de Zeus Labraundos, le Dieu à la double hache.
Sanctuaire rural modeste dès la période archaïque, Labraunda fut l’objet de toutes les attentions des dynastes/satrapes hékatomnides au IVe s. av. J.-C. Sous l’impulsion de Mausole, et de son frère Idrieus, le site fut transformé, agrandi, embelli et doté d’une architecture somptuaire qui en fit un centre de culte pan-Carien. La richesse des vestiges de ce lieu monticole, encore largement protégé de l’expansion urbaine, a été la source d’une abondante bibliographie. Les nombreux bâtiments mis au jour ont permis de lever le voile sur une culture carienne surprenante, expérimentant de nouvelles formes architecturales. Ces dernières révélèrent l’importance des échanges culturels à l’œuvre dans cette région de l’Asie Mineure, à la frontière des mondes grecs, anatoliens et perses. La qualité de ce matériel architectural amena les archéologues du XXe s. à concentrer leurs efforts sur le cœur du temenos et à adopter une approche formelle des bâtiments. Après plus de 65 années de fouille, et bien qu’il n’ait été fouillé qu’en partie, le site est aujourd’hui bien connu. Labraunda ne cesse cependant de soulever des questions qui ne peuvent être abordées qu’à condition de procéder à une double contextualisation des vestiges, contextualisation des bâtiments au sein même du sanctuaire, contextualisation historique de Labraunda dans le développement de la région au IVe s. av. J.-C.
Le but de cette communication sera de présenter le site, particulièrement dans son état hékatomnide, et l’originalité de la culture carienne telle qu’elle nous apparaît à Labraunda. Ensuite, et à la lumière des travaux menés au cours de ces dernières années, nous proposerons de faire un point de nos connaissances et de replacer le site dans l’histoire mouvementée de la Carie à la charnière des périodes classique et hellénistique.
La prochaine conférence aura lieu le 25 février 2017 : Pierre Leriche, « Nouvelles recherches à Termez, Ouzbékistan ».