Les rencontres ont lieu en salle Walter Benjamin, à l’Institut national d’Histoire de l’Art, Paris (le samedi, à 15h).
Vous trouverez ici le programme des conférences de la SFAC pour l’année 2012.
Le portique des Incantadas à Thessalonique
Michel Sève, Professeur d’histoire grecque (CRULH, Université de Lorraine), et Patrick Weber, architecte
Le monument dit « portique des Incantadas », originellement construit à Thessalonique, est plus célèbre qu’il n’est connu. Les seules pièces conservées ont été transportées au Louvre en 1865 à l’initiative d’Emmanuel Miller, mais plusieurs dessins anciens, ou exécutés lors de son démontage, permettent d’en étudier la structure plus précisément qu’il n’a été fait jusqu’ici. La parenté avec les éléments d’architecture du forum de Philippes a déjà été relevée : elle peut être précisée et permet d’en préciser la date, si l’on veut bien tenir compte des précautions méthodologiques indispensables. La communication présentera les résultats d’une nouvelle étude, synthétisés par le dessin de restitution réalisé par Patrick Weber pour l’exposition en cours au musée du Louvre.
Colloque « La mesure et ses usages dans l’Antiquité. La documentation archéologique »
Europos-Doura en Syrie. Découvertes récentes
Pierre Leriche, Directeur de recherche émérite (CNRS UMR 8546 – AOROC, École normale supérieure)
Directeur de la Mission franco-syrienne d’Europos-Doura
Non loin de la frontière irakienne, Europos-Doura marque de sa forte présence le paysage de la steppe syrienne avec ses murailles remarquablement conservées et ses ruines qui dominent l’Euphrate du haut d’une impressionnante falaise.
Découvert par des troupes britanniques au lendemain de la première guerre mondiale et fouillé dès 1922, ce site archéologique s’est révélé être celui d’une fondation séleucide devenue par la suite une petite capitale régionale prospère. Mais, en 256, la ville puissamment renforcée par l’armée romaine s’oppose à une offensive sassanide. Assiégée puis prise malgré une résistance acharnée, elle est totalement dépeuplée et définitivement abandonnée.
Depuis 1920, trois missions archéologiques successives, dont les deux premières dirigées par F. Cumont puis par M. Rostovtzeff, se sont attachées à l’explorer, mettant au jour de nombreux monuments et documents d’époque grecque, parthe ou romaine. Ses peintures murales, dont certaines récemment découvertes, sont particulièrement célèbres et lui ont valu d’être appelée « La Pompéi du désert ». Europos-Doura est ainsi devenu la source majeure de l’histoire du Proche-Orient antique et l’un des sites les plus prestigieux de Syrie.
Le territoire et la frontière de Poseidonia
Airton Pollini, Maître de conférences d’histoire de l’Antiquité grecque (Université de Haute Alsace – Mulhouse / UMR 7044, ECA – Étude des civilisations de l’Antiquité de la préhistoire à Byzance)
Le territoire de Poseidonia est l’un des mieux connus du monde grec. Des recherches sur l’espace rural de la cité grecque, qui passe sous l’hégémonie lucanienne à la fin du Ve siècle av. J.-C., ont porté à notre connaissance plusieurs nécropoles et lieux de culte, dont les exemples célèbres de la Tombe du Plongeur et de l’Héraion du Sele. Cet échantillon particulièrement riche d’une cité située aux marges du monde grec permet d’avancer des interprétations, fondées sur des sources solides, à propos de la définition de la frontière de la cité grecque.
Sortie de printemps à Genève
La sortie de printemps de la SFAC aura lieu à Genève, avec le concours de Charles Bonnet, membre de l’Institut, et de Lorenz Baumer, Professeur d’archéologie classique à l’université de Genève. Elle sera l’occasion de visiter la crypte archéologique de la Cathédrale et le Musée d’Art et d’Histoire. Le programme complet sera diffusé en temps utile.
Découvertes récentes à Péluse : l’église, les bains et le « téménos de Pélousios » à Tell el-Farama
Charles Bonnet (Genève, Membre de l’Institut)
Jean-Yves Carrez-Maratray (Université d’Angers, Labex RESMED)
La ville de Péluse (de son nom grec « la boueuse ») fut, jusqu’à sa destruction finale par Amaury 1er de Jérusalem en 1169, le port le plus oriental du Delta égyptien, installé au débouché de la branche Pélusiaque. Isolées dans le Nord-Sinaï par le percement du canal de Suez, à 30 km environ au sud-est de Port-Saïd, ses ruines occupent pour l’essentiel le site actuel de Tell el-Farama. Ce vaste kôm allongé d’ouest en est, qui a conservé en arabe le nom égyptien de la ville, la copte Peremoun, couvre la partie centrale, la plus importante, de l’agglomération antique et médiévale, dominée par l’enceinte urbaine édifiée au Bas-Empire. Au sud-est de cette enceinte, extra-muros, les fouilles du Conseil Suprême des Antiquités d’Égypte ont mis au jour une église monumentale, des bains et divers quartiers d’habitation dont l’étude et la restauration ont été confiées à une équipe associant archéologues égyptiens, suisses et français. La fouille des niveaux sous-jacents aux édifices dégagés qui datent, en leur état le plus ancien, de la fin du IIIe siècle pour les bains et du début du Ve siècle pour l’église, a révélé l’existence de prestigieux bâtiments romains antérieurs. Parmi eux, une villa suburbana du IVe siècle sous l’église et, surtout, en relation avec les bains, un téménos qui associait à un temple sur podium divers aménagements hydrauliques de grande ampleur, dont une sakyiah. Divers indices laissent à penser qu’il s’agit là du sanctuaire de Pélousios, le Bon Génie des eaux local, vénéré depuis l’époque d’Auguste et représenté sur une fresque du mur est de l’Iseum de Pompéi.
Nouvelles découvertes à Satriano
Massimo Osanna, Direttore Scuola di Specializzazione in Beni Archeologici (Università della Basilicata, Matera)
Les toutes dernières recherches menées à Torre di Satriano dans l’intérieur de la Basilicate ont permis de reconnaître les vestiges de deux grandes demeures aristocratiques : une maison à abside de la fin du VIIIe siècle et un « palais » indigène du VIe siècle orné d’une exceptionnelle décoration de terre cuite fabriquée sur place par des artisans grecs de Tarente. Ces découvertes extraordinaires jettent une lumière nouvelle sur l’organisation spatiale et sur l’idéologie des communautés indigènes de l’Italie du sud. Elles permettent de proposer une nouvelle interprétation des découvertes semblables faites plus anciennement sur un autre site de la région, Braida di Vaglio, et de comparer ces ensembles architecturaux originaux à ceux qui caractérisent d’autres cultures périphériques du monde de la polis grecque.
Le théâtre de Baelo Claudia
Hélène Eristov (Archéologies d’Orient et d’Occident – AOROC, UMR 8546, CNRS – ENS, Paris)
Myriam Fincker (Institut de recherche sur l’architecture antique, USR 3155, CNRS – MOM – Université Lumière Lyon 2)
Jean-Charles Moretti (Institut de recherche sur l’architecture antique, USR 3155 – CNRS – MOM – Université Lumière Lyon 2)
Une étude du théâtre de Baelo Claudia, petit municipe de Bétique, est en cours depuis 2009 dans le cadre d’une convention entre l’Institut de recherche sur l’architecture antique, la Casa de Velázquez et l’Université de Séville. Elle a permis de montrer que l’édifice a été mis en chantier au début de la seconde moitié du 1er siècle apr. J.-C., qui fut une période d’intense activité édilitaire dans la ville. Sans doute endommagé par un séisme, le monument fut largement restauré dans les années 80 sans modification majeure de son plan. Son bâtiment de scène présente deux caractéristiques notables : un petit sacellum intégré à son postscaenium et un front de scène rectiligne à cinq portes, type qui est bien représenté en Asie Mineure, mais qui n’a pas connu de diffusion en Occident en dehors de Baelo Claudia. Le bon état de conservation du pulpitum et de l’hyposcaenium a permis la restitution des peintures qui ornaient la frons pulpiti et celle du mécanisme du rideau de scène.